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La grande erreur alchimique : confondre le mental et la conscience

La confusion entre le mental et la conscience, souvent ancrée dans une compréhension limitée des dynamiques intérieures, représente une erreur fondamentale. L’un se situe dans le registre de l’outil, du calcul, du raisonnement ; l’autre transcende cette mécanique pour s’ouvrir aux sphères de l’intuition, de la perception subtile et de l’éveil. En discernant leurs rôles respectifs, l’individu peut libérer son potentiel créateur et atteindre une harmonie intérieure.

Les traditions symboliques comparent souvent le mental à un cheval fougueux et la conscience à un char ou un cavalier. Dans la Bhagavad-Gîtâ, le char de Krishna et Arjuna illustre cette relation : Krishna, figure de la conscience suprême, guide le char, tandis qu’Arjuna représente l’ego et le mental, pris dans le tumulte des choix et des doutes. Cette image enseigne que le mental, laissé à lui-même, s’égare dans des boucles d’analyse et de distraction, mais, dirigé par une conscience éclairée, il devient un outil puissant pour progresser.

Un adage hermétique résume ce principe : “Le mental forge, la conscience éclaire.” Ce lien, comparable au forgeron et à la flamme, met en évidence la complémentarité entre l’action mentale et la vision intérieure.

Les grandes traditions spirituelles et philosophiques ont constamment exploré cette distinction entre mental et conscience. Platon, dans son allégorie de la caverne, illustre ce dilemme : le mental s’attache aux ombres projetées sur les murs, tandis que la conscience, une fois libérée, contemple la lumière du réel. Cette image souligne l’importance de dépasser les limites du raisonnement logique pour accéder à une compréhension intuitive et globale.

Plus tard, Descartes, dans son Discours de la méthode, place le cogito au centre de la réflexion, mais les critiques postérieures, notamment celles de Bergson, enrichissent cette perspective. Bergson, dans L’Évolution créatrice (1907), décrit le mental comme un “outil d’adaptation”, tandis que la conscience se manifeste comme un “élan vital”, traversant le temps et ouvrant des dimensions nouvelles à l’expérience humaine.

L’alchimie, science spirituelle et opérative, illustre cette relation par le symbolisme du feu et du creuset. Le mental, analogue au feu, active les transformations, tandis que la conscience, assimilée à la matière en transmutation, évolue vers un état purifié. La prima materia, matière brute et chaotique, reflète l’état initial du mental, brouillé par les désirs et les peurs. L’initié, en utilisant les techniques alchimiques (méditation, introspection, rites opératifs), affine cette matière pour révéler l’or philosophique, symbole d’une conscience éclairée.

C.G. Jung, dans ses travaux sur l’alchimie (Psychologie et alchimie, 1944), affirme que le processus alchimique représente une métaphore du cheminement intérieur. Le mental, sous l’influence de la conscience, traverse les phases de dissolution, purification et intégration pour révéler le Soi.

Les philosophes contemporains soulignent l’importance de l’équilibre entre mental et conscience dans la construction de l’être. Krishnamurti, dans La première et dernière liberté (1954), différencie le mental conditionné, prisonnier des schémas répétitifs, et la conscience, capable de percevoir l’immensité de l’existence. Selon lui, “la vérité ne peut se découvrir par le mental, mais seulement dans un état de conscience libérée du connu.”

La philosophie stoïcienne rejoint cette idée en valorisant la maîtrise des pensées et des émotions pour permettre à la conscience de s’épanouir. Marc Aurèle, dans ses Pensées pour moi-même, déclare : “Le mental agit comme un miroir ; la conscience illumine ce qu’il reflète.”

La conscience ne s’élargit pas seulement par l’introspection, mais également par un travail opératif. Rupert Sheldrake, avec sa théorie des champs morphiques (A New Science of Life, 1981), propose une vision où les expériences individuelles contribuent à des résonances collectives, amplifiant ainsi les capacités de perception et d’intuition. Ce travail exige des pratiques concrètes : méditation, observation des synchronicités et exploration des états modifiés de conscience.

L’initié, par ce travail, découvre des niveaux de perception au-delà des cinq sens traditionnels. Ces champs, décrits comme des “réservoirs d’information”, enrichissent la conscience en la reliant à des dimensions plus vastes de la réalité.

Selon le proverbe hermétique : “Le mental calcule, la conscience contemple.”

Ainsi la conscience animée par l'étincelle de conscience créatrice originelle représente un Témoin Silencieux qui observe notre phénoménologie temporelle.

L'éveil dans son interprétation maçonnique induit la prise de conscience de la présence de cette pierre cachée, ce diamant brut qui en le polissant va révéler des éclats de lumière d'une intensité infinie.

Voilà donc la véritable signification de V.I.T.R.I.O.L.

Ne focaliser que sur le mental et les connaissances revient à construire sa vie durant, détail après détail, un véhicule extraordinaire, sans jamais le conduire.

Confondre mental et conscience revient à ignorer leur complémentarité essentielle. Le mental, moteur de l’action et de l’analyse, trouve son véritable sens lorsqu’il se place au service d’une conscience éveillée, capable de percevoir les réalités invisibles et de s’ouvrir à l’infini. L’évolution de la conscience, nourrie par le travail intérieur et l’expérience, dépasse les limites du rationnel pour s’inscrire dans une dynamique d’expansion infinie. Comme l’enseigne un adage alchimique : “Là où le feu éclaire, l’or naît.”


Francis Stuck



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