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Statue du dieu Khonsou sous les traits de Toutankhamon

Cette magnifique statue de Khonsou, haute de 2,52 m, est sculptée dans un granite tacheté noir et rouge. Le dieu est représenté debout, momifié, sous les traits d'un enfant comme en témoigne l'épaisse tresse latérale qui sort de la calotte qui lui couvre la tête. "Le bord du serre-tête est marqué seulement sur le front ; il est entouré d'un bandeau strié auquel est attaché en avant l'uraeus et qui maintient aussi une grosse tresse de cheveux pendant sur l'épaule droite où elle se recourbe et se termine par trois fils de perles" (Georges Daressy, "Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire, Statues de divinités").

Le visage fin, empreint d'une grande douceur, est d'une symétrie parfaite, les yeux, le nez, la bouche étant, en effet, de proportions idéales. La barbe postiche, dont l'extrémité est manquante, est joliment et finement tressée.

Son cou est orné de deux colliers : l'un très large à multiples rangs de perles, et le second, au relief très prononcé forme : "un gros boudin : la partie médiane est rayée, les bouts imitent des perles rondes, puis sur les épaules les fils se réunissent et il n'y a plus qu'une chaîne de grosses perles rondes qui plus loin se divise en deux et supporte le contrepoids du collier, un ménat" (Georges Daressy).

Si le corps du dieu est gainé, comme celui d'Osiris ou de Ptah, une partie de la morphologie demeure cependant "apparente", comme les genoux dont les détails sont rendus de façon très réaliste par l'artiste ou bien les poignets ornés de bracelets.

Les bras sont ramenés, sous la poitrine, le droit placé plus haut que le gauche. Les mains superposées serrent : "un long sceptre formé des signes ouas, ankh, djed et, de plus, tiennent un flagellum à trois lanières composées de perles tronconiques et longues ainsi que la crosse".

Le socle, arrondi à l'avant, et le pilier dorsal ne portent aucune inscription.

Cette statue provient de Karnak, temple dédié à la triade thébaine que forment Amon, Mout et Khonsou. "Khonsou était fils d'Amon et de Mout, mais il faut se rappeler, suivant l'expression de G. Maspero que 'd'une part le père était un avec le fils et, de l'autre, il était un avec la mère, la mère était donc une avec le fils comme avec le père, et les trois dieux de la triade se ramenaient à un dieu unique en trois personnes'. C'est au moins la notion qui prévalut lorsque Khonsou prit définitivement sa place comme fils d'Amon, au temps de la XIXe dynastie. Jusque là, il n'avait été qu'un génie sidéral sans grande importance, mais dès son entrée dans la triade thébaine, son rôle grandit rapidement" explique Maurice Pillet.

Quant à Isabelle Franco, dans son "Dictionnaire de mythologie égyptienne", elle précise que : "Khonsou peut se manifester sous deux aspects selon qu'il apparaît comme un dieu jeune ou un dieu adulte, il est alors Khonsou-Néferhotep ou Khonsou-qui-est-dans-Thèbes. Il se présente parfois comme une entité possédant le redoutable pouvoir de susciter les maladies et donc également de repousser les génies malfaisants qui en sont responsables".

Son temple se trouve à l'angle sud-ouest de l'enceinte d'Amon. Il est daté de Ramsès III, même si : "l'existence d'un lieu de culte de Khonsou à Karnak est attestée bien avant mais son emplacement demeure inconnu" (Agnès Cabrol).

C'est sous le dallage de son sanctuaire que la statue a été trouvée. Maurice Pillet précise que : "la statue brisée sous la XIXème dynastie, fut enterrée sans doute par Ramsès IV lorsqu'il reconstruisit le sanctuaire".

Les informations relatives à sa découverte semblent légèrement diverger. Selon le CFEETK, elle a été mise au jour par Georges Legrain le 27 décembre 1890 ; selon Gaston Maspero en 1901, quant à Georges Daressy, dans son "Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire", il indique que : "la statue était brisée en un certain nombre de morceaux dont les uns ont été découverts en 1892, les autres, dont la tête en 1899".

Cette représentation a été, dans un premier temps identifiée au pharaon Horemheb. Gaston Maspero - qui lui trouve "l'air souffreteux" - livra cette surprenante analyse : "Le Khonsou serait de l'époque d'Harmhabi, et, selon l'usage, il aurait été taillé à l'image du souverain régnant : puisqu'ici le dieu a l'aspect d'un poitrinaire, c'est que le souverain régnant, c'est probablement qu'Harmhabi était délicat de poitrine". Mais elle est désormais attribuée à Toutankhamon.

Il est d'ailleurs important de signaler que, dans son étude "Données nouvelles sur les abords du temple de Khonsou" publiée dans les "Cahiers de Karnak 7" (1982), Françoise Laroche-Traunecker émet cette intéressante hypothèse : "Cette statue peut être également interprétée comme une représentation de Toutankhamon, roi enfant, sous les traits du dieu-fils de la triade thébaine. Elle pourrait donc provenir d'un autre temple de la région édifié ou embelli par Toutankhamon, par exemple de son temple funéraire".

Après avoir été exposée au Musée égyptien de la place Tahrir - où elle avait été enregistrée au Catalogue Général sous la référence CG 38488 -, elle a, au printemps 2021, rejoint les collections du NMEC (National Museum of Egyptian Civilization) à El-Fustat.

marie grillot

Illustration : Statue du dieu Khonsou sous les traits de Toutankhamon - granite - XVIIIe dynastie - découverte (en 1890, 1892, 1899, ou 1900 selon les sources) dans le temple de Khonsou à Karnak - exposée depuis avril 2021 au NMEC - National Museum of Egyptian Civilization à Fustat - CG 38488


Sources de l'article et illustrations complémentaires sur égyptophile :




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